Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/80

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Jacques Lorderie et vous me déplaisez : c’est clair. Je fus coquette avec vous ? D’accord. Pourquoi ? Pour me divertir un instant aux dépens de votre fatuité… La vie est une chose si monotone ! Et je me suis amusée aujourd’hui. Oubliez-le… N’en parlons plus… Après tout, c’eût été très vilain : Jacques nous aime profondément tous les deux ! Une telle pensée me retiendra toujours de le trahir… Allons, adieu, monsieur don Juan… Et à bientôt : mon ami Fargeau ne cessera pas d’être accueilli chez moi en bon camarade.

Elle lui tendait sa main — une petite main nerveuse dont la maigreur frêle laissait transparaître l’ossature délicate ; main sèche et faible, propre aux griffures, aux pinçons, bien plus qu’aux étreintes. — Et soudain Fargeau, qui avait porté cette main à ses lèvres comme pour la baiser, mordit sauvagement les doigts effilés, puis s’enfuit sans oser regarder Francine.

Ce soir-là, madame Lorderie dînait seule chez sa mère. Jacques, profitant de l’absence