Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/90

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n’attachais pas plus d’importance que lui à nos entreprises galantes !

Il arpentait le boulevard des Capucines en s’affermissant dans sa résolution de ne plus retourner chez Francine. Il possédait beaucoup de volonté, une âme d’une bonne trempe qui répondait bien à son masque énergique. Maxime se fût coupé une main sans hésiter afin que la gangrène n’envahît point le bras ; il était de ceux qui tranchent les difficultés à coups de hache et vont jusqu’au bout de leurs décisions. Fargeau se sentait éperdument amoureux et n’ignorait pas qu’aucune passion ne résiste à l’absence. Il oublierait l’amour en oubliant la femme : il frémissait à l’idée d’éprouver de nouveau ce choc bref, quand elle était là, qui le laissait pantelant, le cœur chaviré, les nerfs trépidants, la tête en folie… Il ne voulait plus la revoir.

Francine Clarel était devant lui.

Fargeau s’arrêta, médusé : à dix pas, penchée vers l’étalage d’une librairie, la jeune femme examinait les livres du jour avec un intérêt professionnel. Il la regardait avidement :