Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/94

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savourait la joie d’avoir retrouvé ce regard enjôleur qu’il fuyait depuis huit jours : la sagesse des hommes a des limites encore plus courtes, et il est rare que l’autel de Minerve reçoive deux aurores de suite la visite des mêmes fidèles.

Une émotion grandissante envahissait Maxime. Il murmura, d’un ton grave :

— Il m’est impossible de ressentir quelque animosité que ce soit à votre égard. Je vous aime trop profondément pour me dépiter de votre indifférence : la rancune ne peut plus entrer, lorsque le cœur est plein.

— Bravo !… Voilà une attitude digne de vous, Fargeau. Vous méritez une récompense : demandez-moi quelque chose… en camarade… et j’y consens, d’avance.

— Alors, Francine… Dans ce cas… vous allez me causer une joie intense si vous acceptez…

Fargeau était pâle, sa voix tremblait, et ses doigts déchiquetaient fébrilement la mie d’une brioche. Clarel l’observait curieusement. Il se pencha par-dessus la table et acheva, le regard implorant :