Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/97

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informée de sa vilenie… Rappelez-vous… Ce fameux après-midi de décembre où, recevant simultanément la lettre d’Annie et la mienne, vous avez tenu cette conversation sur vos maîtresses… vous étiez seuls, dans la salle des « Informations » de l’Écho National… À un moment, quittant Lorderie, vous êtes allé à côté, chez le rédacteur en chef… Vous avez frappé à sa porte… Attention ; tâchez de vous souvenir… Cette porte, était-elle fermée ?… Non. Simplement entre-bâillée : vous n’avez eu qu’à pousser le vantail… Et vous ne m’avez pas vue bondir à l’autre bout du cabinet, m’accouder précipitamment à la cheminée et prendre une pose imperturbable, moi, qui attendais là depuis une demi-heure, et qui — l’oreille collée à cette porte entr’ouverte, le cœur battant, les dents agrippées au bâillon du mouchoir pour ne pas hurler — écoutais… écoutais avidement mon amant, dans la pièce voisine… Mon amant dont les phrases cruelles me déshabillaient corps et âme, pour le plaisir d’un autre mâle… Ah ! Le mufle !

Francine ajouta, après une pause :