Page:Marais - Les bottes de l'ogre, Les Annales politiques et littéraires, 29-12-1918.djvu/6

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Maugréant, soufflant, grognant, tempêtant ; trempé de boue et de neige fondue ; pestant contre le temps, invectivant contre ces bois où l’on s’égare, un grand gros homme rude et bourru s’engouffra dans la pièce, s’octroyant d’autorité l’hospitalité de céans. Mais, loin de s’offusquer, le maître du logis lui fit son plus beau salut, tête décrochée et talons joints : car, c’était un officier supérieur, portant l’uniforme sacré, qui daignait s’abriter chez lui.

Les six petits Schutz, émerveillés, en oubliaient leur captivité et contemplaient avec admiration cet important militaire que l’Ogre nommait respectueusement « Maréchal ».

On soupa. Après le repas, l’hôte conduisit son auguste visiteur à sa chambre avec obséquiosité, laissant ses jeunes prisonniers dans l’obscurité. Un peu plus tard, le petit Poucet, aux aguets, distingua, aux dernières lueurs du foyer, une ombre — celle de l’Ogre, sans doute — qui venait, suivant la coutume, poser ses chaussures sur l’âtre.

Lorsque tout fut endormi, le petit Poucet