Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/113

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fructueuse !… Dépêchez vous d’oublier Julien Dangel, c’est le plus sage parti… À moins que, trop éprise de lui, vous ne le vouliez quand même : en ce cas, je lui consignerai ma porte, et il sera bien forcé…

— Oh ! non, madame, non… Je ne pourrais plus lui serrer la main. C’est si bas,… si ignoble…

Sylvie sanglote, effondrée sur mon épaule ; je la sens frissonner toute. Je dis, légèrement surprise :

— Comment ! Si vite détachée de votre fiancé ?

— Oh ! madame, quand je l’aimais, j’ignorais ces vilenies… Vous venez de me les faire connaître subitement : ça suffit pour me dégoûter — me délivrer. Père est d’une telle intégrité : il m’a enseigné la honte de tout ce qui salit. Il me semble que vous venez de m’opérer d’un abcès ; vous m’avez fait mal, mais je suis guérie ; et, soyez tranquille, il ne se reformera pas… Je lui aurais pardonné de vous aimer, à ce Julien… ses projets intéressés me répugnent.

La courageuse : elle ne pleure plus et crâne, blessée au vif dans son orgueil… Elle se croit sincère : l’est-elle réellement ? Je sais ce que ce sourire à dents blanches et ces yeux brillant