Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/175

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— Zut ! après tout… Ils se débrouilleront… Moi, je m’en lave les mains.

Seule, je tâche de rassembler mes idées, d’apprêter mes phrases, mes arguments. Voyons, il sera bon de rappeler à Brochard que Colin fut son ami jusqu’aujourd’hui… (Pourquoi ce valet de chambre paraissait-il embarrassé à ma vue ?…) Je me montrerai coquette, irrésistible… (pourtant, il ne peut savoir déjà les ramifications qui me rattachent à l’affaire Colin ; alors, à quel propos était-il persuadé que son maître me consignerait sa porte ?…) Je serai assez habile pour reconquérir le charme dont j’avais possédé un instant l’ancien ministre…

Sapristi ! Mes réflexions tourbillonnent, se précipitent, dans une confusion fâcheuse. Je mélange toutes mes impressions, et suis en mauvaises dispositions pour l’entretien qui se prépare. Ô mes nerfs, mes terribles nerfs !

Comme on me fait attendre longtemps !…

Je me lève. Je circule à travers la pièce. Je soulève un petit bronze de Chéret, exposé sur la cheminée, et je le contemple machinalement, incapable de décrire ce que mes yeux regardent.