Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/188

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tion, si Brochard n’avait tourné la tête avec inquiétude. J’ai comme la perception d’un petit mystère… L’ex-ministre rougit ; le bruit s’accentue… Tiens, tiens, tiens !…

Brusquement, la porte s’ouvre. Et une voix rauque, voilée, aux inflexions canailles, s’écrie :

— Eh bien, voyons, chéri ! On ne briffe donc pas, aujourd’hui ?… Sais-tu qu’il est une heure moins le quart ?

Une amusante petite femme surgit de la chambre à coucher. Dix-huit ans, pas de corset, à peine de chemise ; des bras potelés, des jambes effilées, une poitrine charmante ; et la plus drôlette frimousse de jeune ribaude de Montmartre : des yeux de chatte, une rousse crinière de lionne, un nez retroussé et une bouche en cerise… Pas mal, l’aventure de Léon Brochard ! M’apercevant, elle pousse un cri :

— Oh ! pardon…

Et la gamine se sauve, verrouillant à double tour sa peur et sa nudité.

Je me retourne vers Léon Brochard, souriante, ironique ; reconquérant mon audace et ma présence d’esprit. J’ai compris. L’héroïsme de l’astucieux politique est moins inexplicable. Je me rappelle, à présent, les