Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/187

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À chacun son tour : c’est ma revanche. » … Hein ! Quelle petite vengeance délectable… un peu mufle, je l’avoue, bah ! qu’importe… Et vous doutiez-vous — l’après-midi où vous m’avez si gentiment bafoué — que vous signiez, sans y prendre garde, le mandat d’amener Landry Colin, belle Nicole ?

Je reste pétrifiée, figée sur place, sentant à peine les banderilles dont il me fouaille. Le terrible politique… Ainsi, il avait tout soupçonné, tout pénétré : et les desseins de Landry Colin, et ma démarche, ce matin !

Est-ce drôle !… Bien que mes projets s’écroulent par sa faute, quoiqu’il me cingle de railleries cuisantes, je ne ressens nulle haine à l’égard de cet homme : je l’admire trop. M’a-t-il habilement roulée, ce fin Brochard ! Je l’estime surtout de m’avoir si superbement résisté. Et la faillite de mes charmes m’inspire presque de la vénération pour l’impertinent Léon : je me croyais invincible… et il triomphe de moi — de lui !

Je le contemple — froid, calme, persifleur — sans parvenir à comprendre ma défaite…

Soudain, un remue-ménage se fait, dans la pièce voisine. Je n’y prêterais aucune atten-