Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/190

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tour ? Pourquoi ? Une vague inquiétude est venue m’assaillir.

J’ai voulu revoir Paul immédiatement, savoir le motif de son départ précipité : il devait, logiquement, rester ; anxieux de connaître au plus tôt le résultat de mon entrevue avec Brochard.

Et je vais par exception le relancer à son domicile particulier, rue Spontini. Après diverses cérémonies, un domestique inconnu m’introduit enfin auprès de Paul : c’est bien ici qu’il s’était rendu, en sortant de ma maison.

Paul Bernard arpente son cabinet, silencieux et préoccupé, les sourcils froncés, la bouche nerveuse. Il dit :

— C’est toi ? d’une voix morne, inexpressive, et continue à marcher de long en large, sans un mot.

Je reste interdite. Je suis presque intimidée par ce mutisme sévère. Il me regarde aussi froidement que si nous n’étions pas seuls. Et cette absence de questions !… Comment lui narrer mon équipée ? Je combine une histoire fantaisiste où les détails vrais se mêlent aux circonstances qui auraient pu être, et je résume brièvement mon invention :