Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/201

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qui cherche des paroles d’accueil… Je suis sûre qu’elle ressent ce que j’éprouve, et cette communion de pensées met une chaleur d’entente dans l’étreinte de nos mains tendues ; nous sommes profondément amies à cette minute, car, l’instant où nous aimons le plus sincèrement un être, c’est lorsque notre égoïsme découvre en lui le reflet de nous-même.

J’entraîne insensiblement Sylvie hors du sentier trop fréquenté : ici, je risquais d’être croisée à tout moment par des Parisiens de mes connaissances et je me soucie peu que l’on voie la jeune fille en ma compagnie insolite.

Nous voici perdues au milieu de la verdure. Les rayons de soleil, filtrant à travers les feuilles, coulent avec des transparences de chrysoprase. La lumière scintille d’un éclat de pierreries, d’aigue-marine ou de péridot. Et parmi ces tonalités verdâtres, les yeux bleus de Sylvie s’allument d’une lueur glauque.

La pâleur uniforme de son teint ne cesse de me surprendre : Sylvie ressemble à ces esquisses de maîtres modernes où l’artiste crayonne les contours à traits brefs, touche la bouche d’un soupçon de carmin, peint minu-