Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tieusement les yeux, indique à peine les ombres et laisse à tout ce qui est chair la couleur naturelle du papier crème.

Quelle différence avec ma fraîcheur de blonde un peu sanguine ! si j’évoque un Fragonard, elle, est un Helleu.

Je dis, enveloppant du geste le paysage forestier :

— C’est charmant de s’appeler Sylvie, quand on apparaît dans un décor agreste… Si j’avais pu, je serais venue beaucoup plus tôt… Je ne vous avais point oubliée.

Elle répond simplement :

— Je me doutais bien que vous aviez des ennuis… On s’occupe énormément de l’Affaire, à la maison… Et je lis les journaux que père laisse traîner. J’ai compris certaines choses… J’en ai deviné d’autres… Un ami de papa a prononcé votre nom, un soir, au milieu d’une conversation : père lui a fait signe de se taire et m’a désignée du coin de l’œil…

Elle s’interrompt, sourit, malicieuse et puérile comme une petite fille, puis ajoute :

— Ne vous froissez pas, si je m’explique mal… Mais, au moment où père a exprimé le désir qu’on évitât de parler de vous devant sa fille,