Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sable ; au creux des galets, lorsque la marée basse m’évoque la pêche aux équilles et la chasse aux crabes, sur le sable mouillé… Je m’arrête, mélancolique, à la vue d’une petite fille en jupe courte, montrant ses mollets brunis et ses belles nattes blondes… Ô Nicole d’antan ! Un flot de souvenirs mouillent mes paupières… Et je n’ai pas vingt-quatre ans ! Cependant, la fuite du temps, l’ombre du passé, m’imprègnent déjà d’une détresse intense.

Paul m’a loué un chalet voisin du Casino. Puis, il est retourné à Paris, après m’avoir fait jurer de ne point lui écrire au sujet de l’Affaire ; de ne pas ouvrir un journal, de ne penser à rien, qu’au soleil, aux fleurs, à la mer ; de mener une existence animale de bête qui se repose et se réchauffe, harassée. J’ai obéi. Je vis, durant des jours, sans fournir plus d’effort intellectuel qu’un mollusque. Je me laisse flotter mollement, comme une méduse entre deux eaux.

Le résultat est merveilleux. Ma jeunesse résistante a repris le dessus ; un sang vigoureux