Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/242

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afflue de nouveau à mes pommettes fraîches ; mes yeux ont l’éclat lumineux du miroir que nul spectacle n’a pu ternir. On recommence à me regarder, lorsque j’arpente les planches, longue et souple, ayant une silhouette fuyante de jeune fille, dans ma robe de toile blanche.

Un mur mitoyen sépare ma villa du Casino. La salle de théâtre se trouve à côté de ma chambre. Et comme les cloisons sont minces, je m’endors chaque soir, bercée par la complainte de Mireille qui déplore l’absence de sa mère avec un organe de soprano aigu, ou cahotée au rythme désordonné des imprécations de Don José que clame le fort ténor.

À la fin, cette musique quotidienne me donne l’idée d’entrer dans l’établissement. J’écoute un acte du Barbier de Rossini, l’éternel raseur. La salle est composée de familles bourgeoises ; rien des élégances fastueuses de la rue de Paris : ce sont les parasols qui se trouvent représentés là. Des mères imposantes exhibent ces cocasses petits décolletés dont elles ont le secret (ô couturières à la journée !) ; des papas