Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/267

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Perdue dans un long manteau de drap mastic, gantée de fauve, coiffée d’une aigrette de paradis aux tons de safran, ses cheveux châtains encadrant le visage d’ambre où s’allument les prunelles de topaze brûlée, Nadine a réussi, sans intention, la plus amusante symphonie de jaunes que l’on puisse imaginer.

Moi, je porte une robe ajustée, de ce noir mat qui fait souhaiter aux blondes d’être en deuil.

Nous sommes deux poupées précieuses, posées au milieu de la grande pièce comme deux figurines sur une étagère.

Mais le sourire de Nadine est crispé, forcé, presque grimaçant : c’est le rictus même qu’elle arbore en scène lorsqu’elle désarticule ses membres fragiles pour exécuter une figure, atroce d’efforts, qui semble toute légèreté, toute facilité aux yeux du public.

Paul s’aperçoit de cette gaieté factice. Il s’informe doucement :

— Pourquoi vous contraindre devant nous, petite Nadine ? Quelque chose vous tracasse… Dites-le carrément… Et si nous pouvons vous être utiles ?…

Nadine regarde avec méfiance cet ami de son