Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/270

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défies pas de moi, j’imagine… Et ça soulage de parler de ses ennuis.

— Eh bien ! Il y a que Colin est en train de me lâcher, là !

— Bah ! C’est impossible : il t’aime, Landry.

La petite danseuse sourit d’un air de ruse malicieuse qui affine momentanément sa gentille frimousse un peu niaise. Elle répond subtilement. (En amour, les femmes les plus sottes deviennent soudain d’habiles psychologues ) :

— Il m’aime, certes ; mais, c’est un homme pratique avant tout, Landry. Pour l’instant, je lui suis devenue inutile, alors ça le rend moins accommodant. Comme il ne me demande plus rien, il se fâche si je lui demande quelque chose. Avec lui, c’est : donnant, donnant. Ses affaires l’empêchent de s’amuser : à quoi bon se soucier de celle qui l’amusait ? C’est une dépense superflue qu’il s’agit de rayer de son budget. L’autre jour, je l’avertissais d’une dette qu’on me réclame… Sais-tu ce qu’il m’a répondu : « Fiche-moi la paix avec tes affaires, j’ai assez des miennes. À quoi te servent tes appointements ? » Mes appointements !… Je touche vingt-cinq louis par mois… Dès qu’ils