Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/284

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Quelle plaisanterie : voilà six mois que Landry Colin sape l’écorce sans parvenir à ébranler l’arbre. Je n’ai jamais mieux senti la puissance de Jules Bouvreuil qu’à cet instant : le spectacle du journal imposant où ma présence insolite m’étonne encore, m’a plus émue, volontiers, que l’arrestation même du banquier, ou les attaques réitérées depuis : ce qui prouve — hélas ! — qu’à mes yeux puérils de femme, les impressions extérieures priment le reste.

La voix de M. Yves coupe mes réflexions :

— Mesdames, je vous propose d’aller m’attendre chez Boris, rue Royale… Vous réclamerez le cabinet 22 : je l’ai retenu par téléphone… Et je vous rejoindrai dans dix minutes ; je préfère qu’on ne nous voie pas partir ensemble… Ah ! mademoiselle…

M. Yves m’entraîne à l’écart, m’avertit à demi-voix :

— Mademoiselle Nicole, je vous en préviens : moi, je suis un type dans le genre du Régent… Je m’amuse ; je m’amuse même énormément ; mais, ce n’est jamais au détriment des intérêts qui me sont confiés…

— Je ne comprends pas…

— Oh ! que si… Écoutez : je n’ignore point