Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/372

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Une curiosité ardente et froide à la fois me pousse à répondre :

— Oui.

Nous montons, derrière la femme. Je m’étonne et me blâme de ma lucide indifférence : n’ai-je donc point de cœur que je ne me sens aucun émoi ? D’intimes détails me sautent aux yeux. Ainsi, je remarque, sur la tête de notre guide, la boucle blonde d’un faux chignon qui, à chaque marche, voltige au rythme de l’ascension et menace de se détacher. Et je pense obstinément, avec une insistance maladive : « Tombera-t-elle ? Ne tombera-t-elle pas ? »

La chambre. Une de ces pièces banales et voyantes de maison meublée. Les tentures rouges, les meubles pauvres ; mais une vaste armoire à glace et un lit obscène à force d’importance. Locatis précaire des filles de promenoirs, que ces oiseaux éphémères transforment en nid de rencontre. Où Julien a-t-il échoué !

Un homme noir et barbu : le docteur. Un homme grognon et moustachu : le chien du commissaire. Dans un coin, deux sergents de ville somnolents. Une fille en tablier : la bonne de l’hôtel. Et une grande femme brune, très maquillée, la bouche ensanglantée, les yeux