Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/371

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si Julien n’a pas assisté à la représentation de Sous Terre, n’a pas connu son échec avant de mourir ?… Et s’il ne me l’a pas caché afin de me susciter un remords plus grand ?… Ou dans le but de finir en beauté, préférant le personnage d’amoureux désespéré à celui d’auteur infortuné… Oui, sa lettre est belle. Mais qu’elle reste littéraire et parfaite de forme pour un dernier adieu, à l’heure suprême ! Cette argumentation logique, ces métaphores… Le miroir concave, les chiens et les cœurs perdus, le vixit implacable… Trop de style.

La négligence est la franchise épistolaire de l’amour ou de la douleur. On ne garde pas le souci du pur français, quand on souffre. Une femme de lettres de mes amies, maîtresse d’un grand romancier, me disait un jour : « Je suis sûre qu’il m’aime sincèrement : il fait des fautes de syntaxe dans les lettres qu’il m’envoie. » Elle avait raison.

Je doute… plus subtile que Paul. Je doute… Julien était destiné à m’inspirer une éternelle incertitude.

— Voulez-vous le voir ? questionne la tenancière de l’hôtel en se rapprochant de nous.