Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/397

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Nous le dévisageons, à demi inquiets. Ivre de joie, exultant de triomphe, de rancune assouvie, le banquier s’exclame :

— Bouvreuil est dégommé !… À la dernière réunion du conseil d’administration de l’Agioteur, le comité d’actionnaires, se décidant enfin à constater que la fortune du journal avait périclité sous la direction actuelle, a imposé à Jules Bouvreuil l’offre de sa démission immédiate… Coulé, fini, Bouvreuil. Ah ! Je me suis démené ces derniers temps : c’est ma revanche. Car, vous ne savez pas le plus beau, mes amis : c’est au banquier Landry Colin que la direction financière de l’Agioteur est confiée désormais !… Hurrah ! Bernard, nous allons conquérir Paris, maintenant ! L’argent, la force, le pouvoir… Et la presse : cet instrument politique…

Je coupe sa tirade :

— Mais, alors… Paul ! L’attitude de Brochard s’explique… Ah ! le rusé pilote : comme il sait flairer l’orage, et louvoyer entre deux vents pour suivre toujours le bon courant !… Salut à toi, Léon Brochard, courtisan du Bonheur ! Quand on te voit dans une étable, c’est qu’il reste du lait à traire.