Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/12

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Simone était romanesque et candide. Comme elle avait lu les feuilletons décents qu’il publiait dans la presse catholique, Armand Lestrange fut à ses yeux : l’Écrivain ; il lui apparut dans le prestige de la gloire. Puis, la vie privée d’Armand étant beaucoup moins édifiante que sa littérature pour soutanes, la jeune fille fut séduite aussi par l’attrait irrésistible des conquêtes qu’on prêtait à Lestrange.

Peu soucieuse de la voir épouser un arriviste sans fortune et sans naissance, Mme de Francilly coupa court au flirt de sa fille. Alors Armand Lestrange profita d’une dernière entrevue pour proposer à Simone de l’enlever. Il avait su tabler sur l’imagination exaltée d’une cervelle de dix-huit ans. Simone fut toute secouée d’émotion ; l’audace de l’aventure l’enchanta ; elle ne songea guère au risque encouru puisqu’elle l’ignorait encore : les filles les plus téméraires sont toujours les plus innocentes. D’ailleurs, Armand jugea