Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/11

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convenu d’ingénuité séduisante tel que le conçoivent les jeunes gens lorsqu’ils décrivent la fiancée idéale.

Sur la plage où sa mère l’exhibait chaque été, les habitués qui remarquaient Simone sans la connaître l’avaient baptisée : « la Jolie Jeune Fille ». Et elle représentait à merveille tout ce que peut évoquer de charmant, de naïf, de frais, de gentiment poncif ce surnom : la Jolie Jeune Fille.

Quant à ceux qui connaissaient Mme de Francilly, ils savaient qu’elle était veuve, riche, et que sa fille, bien dotée, jouirait en plus à sa majorité de l’héritage paternel.

Parmi les villégiaturistes se trouvait un journaliste d’une trentaine d’années, Armand Lestrange, réputé pour sa beauté robuste de gaillard musclé, ses aventures tapageuses et ses opinions bien pensantes de romancier clérical. Il entendit parler de la fortune de Simone, combina le plan d’un beau mariage et s’efforça de subjuguer la jeune fille.