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Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/123

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VIII


Assis confortablement dans un majestueux fauteuil Louis XIII adossé aux tapisseries de la muraille, Armand Lestrange, béat, solennel, le cigare aux lèvres, écoutait son jeune secrétaire lui faire la lecture du courrier.

Il payait deux cents francs par mois le plaisir d’entendre ses louanges passer par la bouche d’un autre ; et cet autre, il l’avait choisi débutant, naïf, gobeur, un peu jaloux. Car le romancier sans talent éprouvait une jouissance extrême à voir envier sa quarantaine par un écrivain de dix-huit ans.

Quotidiennement, Lestrange recevait des lettres de lectrices appâtées par la concupiscence mêlée de dévotion qui se dégageait de ses romans d’amours religieuses où le péché