Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/137

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viction : que l’éducation rigoriste a pour but la sécurité de l’époux, mais non point le bonheur de l’épouse. Elle se dit, avec une pointe de féminisme : « Après avoir institué les lois, l’homme a inventé les principes : le code moral le favorise aussi bien que le code civil. Le mari se vend à la femme sans lui garantir la fraîcheur de son acquisition ; mais, en revanche, il exige qu’elle lui livre un cœur tout neuf, car ces messieurs n’aiment que les cerneaux… Et nous — les mères, — hypnotisées par le désir de marier nos filles, nous les élevons rigidement au nom des préjugés stupides, nous en faisons des proies virginales sans défense contre les suborneurs ; au lieu de les guider, de les éclairer, de les prévenir… Ah ! J’aimerais mieux ne jamais marier Camille que d’avoir pour second gendre un nouveau Lestrange ! Cette fois, j’armerai ma fille : tant pis si elle effraye l’adversaire. »

Et Mme de Francilly s’était décidée en