Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/174

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si près de Romain, sous ses fenêtres mêmes… Elle avait tourné l’angle du boulevard Malesherbes et, devant elle, c’était la rue de la Bienfaisance tranquille et déserte.

Camille frissonnait d’appréhension à l’idée d’entrer chez Vérani. Elle sentait ses jambes s’alourdir, s’amollir, et sa gorge se serrer. La certitude qu’elle n’oserait pas monter chez lui l’agaçait et la soulageait tour à tour. Elle souriait légèrement à la pensée qu’il l’attendrait en vain, alors qu’elle allait rebrousser chemin…

— Bonjour, madame.

Camille tressaillit : Romain était devant elle et la saluait avec une galanterie un peu railleuse. Elle comprit : de sa fenêtre, il l’avait guettée, aperçue ; et, devinant son hésitation, il était descendu la rejoindre pour l’emmener doucement.

Il l’entraînait, en murmurant à son oreille ces niaiseries ardentes, vibrantes de tendresse passionnée. Camille le suivait docile-