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Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/175

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ment, avec une impression anxieuse d’étrange impuissance. Elle réfléchissait : « C’est stupide d’avoir accepté ce rendez-vous ; mais je ne puis plus reculer, à présent. Quelle raison lui donner ? Je suis venue ici de mon propre gré. »

Son excitation amoureuse était tombée : elle le suivait par fausse honte — sentiment féminin plus fréquent que l’on ne pense. Certaines femmes cèdent, non par folie, non par faiblesse, mais simplement parce qu’elles n’osent plus revenir sur leurs pas. Elles ont la loyauté de leur coquetterie.

Une curiosité ranima Camille, au seuil de ce petit logis de garçon. Dès l’entrée, une odeur agréable, légère et mélangée de tabac turc, de fleurs, de vinaigre aromatisé, la saisit et fixa en elle ce souvenir de l’odorat, si vif chez certains qu’un parfum respiré au vol suffit à évoquer aussitôt le rappel des scènes, des gestes, des événements déroulés dans une atmosphère où flottait ce même parfum.