Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/180

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Camille se sentait chagrine et dépitée : elle l’aimait donc qu’elle souffrait de le découvrir superficiel et léger comme les autres ? Jadis, dès qu’elle constatait la duplicité, l’indifférence et l’égoïsme d’un faux adorateur, elle abandonnait immédiatement son flirt avec un petit rire de mépris en pensant : « Allons ! Ce n’est pas encore ce mari-là qui ferait mon bonheur. »

Aujourd’hui, elle reculait devant l’exécution : et pourtant, c’était la même chose…

Hélas ! On se prend toujours à son propre piège : malgré son subterfuge, Camille en arrivait néanmoins à aimer avant d’être aimée.

La voyant rêveuse, Romain lui demanda :

— Qu’avez-vous ? vous semblez triste.

Camille tressaillit et le considéra d’un regard pénétrant : par quel sortilège cet aimable blondin aux yeux verts m’avait-il séduite, si vite ?

— Qu’avez-vous ? reprenait Romain.