Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/185

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allongés d’une cursive pointue lui rappelaient toute une correspondance familière. Les écritures ont une physionomie comme les visages : celle-ci était une intime de Camille ; elle la rencontrait fréquemment sous son regard : c’était une écriture amie.

Romain, qui avait suivi le manège de la jeune fille, se demanda : « Qu’est-ce qu’elle tient là ? On dirait qu’elle cherche à lire… »

Tout à coup, il se rappela : « Ah ! Nom d’un chien… C’est le pneu de l’autre… de la Simone qui se décommande toujours. »

Il aurait voulu pouvoir se jeter sur Camille et lui arracher la lettre des mains. Il n’osa pas, naturellement, faire le moindre geste de violence ; et se contenta de reprocher, sur un ton de gronderie affectueuse :

— Oh ! L’indiscrète !… Elle va brouiller toutes mes paperasses.

Il espéra qu’elle reposerait la lettre sur la table. Mais Camille questionnait brusquement :