Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/228

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je m’incline. Je comprends l’inanité de mes efforts. Expertes ou niaises, spirituelles ou sottes, savantes ou naïves, les femmes viennent au monde avec un cœur aveugle. C’est un phénomène de naissance ; rien ne peut corriger la nature. Elles aiment, ainsi qu’on respire. Elles ont l’instinct de la passion absolue ; elles sont généreuses, sublimes, absurdes… Que l’homme mérite ou non cet amour, question de chance : on le comble de prodigalités ; il paye souvent en fausse monnaie. Sa dupe est-elle sa victime ? Certains sacrifices comportent leur douceur ; et l’amour superficiel, s’il en ignore les souffrances, ignore aussi les jouissances d’une passion profonde : c’est la revanche de l’esclave contre son tyran. Je ne devrais pas te dire ces choses, et elles m’échappent malgré moi — comme toutes ces folies vraies qui ont raison contre la raison factice inventée par la sagesse humaine !

Camille s’écria :