Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/229

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— Tu démens tous tes principes !

— Les principes semblent créés pour représenter la contradiction de nos actes depuis qu’il existe des professions de foi.

La jeune fille insista :

— Moi qui croyais à ton opposition… Et tu m’approuves presque d’aimer un homme qui ne m’aime pas sérieusement ?

La comtesse rectifia :

— Je n’approuve point ton sentiment : je le respecte comme une fatalité inéluctable. Et, d’abord, es-tu certaine qu’il ne t’aime pas ? Il paraît avoir bon goût, ce gentil garçon qui s’est présenté chez moi un matin avec une effronterie mêlée de grâce… Celle qu’il n’aime pas sérieusement, c’est ton ombre, ton masque… C’est cette fausse Mme Lestrange qu’on ne peut prendre au sérieux… Mais s’il désire très vivement cette jolie anonyme, son désir ne se changera-t-il pas en passion véritable lorsqu’on lui présentera Camille de Francilly ?