Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/57

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Le lendemain de son entrevue avec Simone, Romain, qui avait dû rejoindre son père à la sortie du Sénat, remonta avec lui jusqu’à la rue de Sèvres où le sénateur avait affaire. M. Vérani père était aussi riche qu’avare, de cette avarice maniaque et bizarre propre aux vieilles gens ; il utilisait rarement son auto, afin d’économiser l’essence, et ne prenait jamais de voiture publique. Pour éviter d’être obsédé par les réflexions paternelles s’il arrêtait un fiacre sous ses yeux, Romain, en se séparant de son père, descendit ostensiblement l’escalier du métro Croix-Rouge.

Au guichet, il se trouva derrière une jeune personne qui murmura d’une voix dépitée, en explorant le fond d’une bourse à mailles d’argent :

— Allons, bon ! Je n’ai pas de monnaie.

— Permettez-moi, mademoiselle…

Entraîné par l’habitude, Romain jetait dix sous sur le guichet. Dieu sait qu’il ne songeait pas à mal, à la veille d’un second ren-