Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/91

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gue par lequel les amoureux jugent décent de broder des motifs inutiles sur le thème de leur vie amoureuse, et de perdre en vaines paroles le temps consacré à Éros. Romain s’exécutait en galant homme, convaincu de la nécessité de ces fiançailles adultérines : la femme exige de son amant ce noviciat consacré à lui faire la cour qu’elle connut avec son mari. Ainsi, lui semble-t-il, sa première faute se trouvera légitimée par les mêmes formalités qui précédèrent son mariage.

Au demeurant, l’ennui des préliminaires était chassé cette fois par la curiosité de découvrir l’énigme de ce sphinx blond et rose.

Romain dirigeait habilement la conversation, posant des questions insidieuses, tendant des pièges savants auxquels Simone opposait la placidité et le naturel de la parfaite innocence. À chaque réponse, le jeune homme, repris d’incertitude, se disait : « Cette charmante créature a pourtant l’air sincère ; il n’est pas possible qu’on évolue