Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/11

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Il fourra lettre et photo dans sa poche en déclarant :

— On ne prend pas Marcel d’Arlaud au piège de la « réponse à une inconnue »…

L’écrivain se méfiait, d’instinct : riche, célèbre, encore jeune et séduisant, il avait tout pour être détesté. Ses comédies dépassaient couramment la centième : aussi lui reprochait-on d’avoir l’esprit facile. Il ripostait, du tac au tac : « Le propre de l’esprit facile est de déplaire aux sots difficiles. »

Or, ses envieux cherchaient fréquemment à lui jouer des tours.

— Monsieur, l’auto est à la porte.

L’entrée du valet de chambre interrompit ses réflexions. D’Arlaud songea : « C’est vrai : il faut que je passe chez le banquier. » Et, quittant le petit hôtel qu’il habitait, avenue Gourgaud, Marcel se fit conduire à la banque Salmon, rue Laffitte.

Il avait placé une grande partie de ses intérêts chez son ami, le riche financier Henry Salmon. Ce matin, il y venait déposer une quittance de deux mille francs à faire toucher pour son compte.