Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tandis que le caissier préparait un reçu, Marcel, un peu fat, s’examinait à la dérobée dans le reflet du panneau vitré placé devant la caisse. La glace transparente lui renvoyait la silhouette d’un homme de quarante-cinq ans, élégant, d’allure jeune, rasé de frais, dont les yeux pétillants et la moustache légère avivaient la physionomie intelligente :

— Voici votre reçu, monsieur d’Arlaud ; dit le caissier.

L’écrivain prit le papier et vérifia d’un coup d’œil :

« Reçu… quittance… deux mille francs… Le caissier : Tardivet. »

Soudain, d’Arlaud tressaillit, s’attardant à déchiffrer la signature du caissier.

Il s’exclama :

— Comment ! Vous vous appelez Tardivet ?… Tardivet !… Je ne l’avais jamais remarqué.

— Mon nom n’a rien de remarquable, observa timidement le caissier.

Tapi à l’abri de son guichet, il lançait vers Marcel un regard furtif de lièvre au gîte. C’était un vieil homme d’aspect timoré à qui ce client