Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/110

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femmes concentrées, elle sentait que d’Arlaud, distrait, se désintéressait d’elle. Une préoccupation obsédante le tracassait visiblement. Il ne tenait pas en place. Il sortait beaucoup ; puis, à ses crises d’agitation succédaient des périodes de torpeur qui le jetaient, affalé, sur son divan, la cigarette aux lèvres, fumant silencieusement pendant des heures. Lorsque Denise, timidement, avait insinué : « Il ne se manifeste pas souvent, M. Abel Salmon. » Marcel, sursautant, lui répondait d’un ton détaché : « Attendez, attendez… Il ne faut rien brusquer. » Elle le sentait à cent lieues de la question. Elle se demandait : « Est-ce que M. d’Arlaud oublie qu’il ne m’a pas prise ici que pour me faire travailler à son service ?… Jusqu’à présent, j’ai seulement changé de patron. »

Néanmoins, elle se montrait zélée : en somme, son travail lui était payé et elle était d’une nature laborieuse. Mais son ambition s’irritait devant une épreuve décevante.

Un jour qu’elle était seule dans le bureau de Marcel, occupée à détacher d’une revue dramatique un article de critique sur l’œuvre de d’Ar-