Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/111

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laud, le valet de chambre entra et lui annonça :

— Mademoiselle, c’est le relieur qui vient présenter sa note… Monsieur étant absent, faut-il que je lui dise de repasser ?

— Non. Faîtes-le monter.

Denise, assaillie d’un pressentiment que décelait le sérieux soudain de son visage, attendait ce relieur inconnu. La volonté de réussir creusait un pli entre ses sourcils.

Le visiteur entra. Denise lui jeta un regard pénétrant ; elle reconnut, au signalement, le millionnaire malingre et chafouin qui cachait une âme de modiste sous son masque de singe malade. La jeune fille l’examinait avec une attention railleuse : outre le veston de confection et les chaussures fatiguées, il avait eu le soin de déguiser ses mains non gantées en mains de travailleur : ongles taillés ras et phalanges grisâtres.

— Asseyez-vous, monsieur ; et prenez la peine d’attendre M. d’Arlaud : il ne va pas tarder.

Denise avait modulé savamment les inflexions de sa voix chantante. Intérieurement, elle se disait avec une moue : « En effet, il est bien laid », mais sa raison ajoutait : « L’enjeu vaut