Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/123

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de chanteuse se révélait, mêlant l’art véritable à l’imitation comique.

Dissimulé à l’abri d’un portant, Marcel d’Arlaud la contemplait intensément. Il attardait ses yeux à la blancheur laiteuse et veinée d’un décolletage hardi qui dévoilait les beautés secrètes de la jeune fille. Le regard brutal, les lèvres crispées, les narines froncées, il contenait son violent désir.

Un courant d’air froid le chassait de sa place. Il ouvrait la porte de communication et passait dans la salle : dans une loge, M. Tardivet, la mine béate et ébaubie, ne quittait pas la scène des yeux ; Denise et Suzanne, assises à ses côtés, suivaient le jeu de leur sœur avec une émotion qui faisait trembler les muscles de leur face anxieuse. Marcel sourit à ce tableau familial.

Mais la toile tombait. Il se hâta de regagner les coulisses, traversant les couloirs obscurs où stagnaient des relents méphitiques mélangés d’une odeur de chair et de fards. Il entra dans le corridor où des petites portes numérotées s’entre-bâillaient sur des loges d’artistes.

Il allait pénétrer dans celle de Gilberte, lors-