Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/126

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dans leur direction, ne cessait d’examiner Denise et ses compagnons.

Laissant Suzanne suivre son père, Marcel appuya négligemment sa main sur l’épaule de Denise, en lui soufflant :

— Restez à votre place… Vous comprendrez pourquoi.

La jeune fille acquiesça, d’un mouvement imperceptible. Une fois seule, elle prit sa lorgnette, la posa au hasard devant ses yeux afin de dissimuler le regard circulaire dont elle embrassa la salle dégarnie et le promenoir vide. Elle aperçut bientôt Abel ; une vive rougeur colora ses pommettes, en dépit de ses efforts pour paraître indifférente. Se voyant reconnu, Abel Salmon quitta sa loge, fit le tour du promenoir et vint saluer Denise.

— Entrez donc, M. Henry ; dit la jeune fille en lui désignant une chaise à côté d’elle.

Depuis un mois que Marcel d’Arlaud les avait présentés l’un à l’autre, ils se rencontraient quotidiennement, par une convention tacite. Abel venait attendre chaque soir la dactylographe devant le petit hôtel de l’avenue Gourgaud, et la