Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/127

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raccompagnait chez elle. Pour rendre vraisemblable son personnage d’écrivain sans fortune ; il n’osait proposer de voiture, et c’était tantôt à pied, tantôt en métro qu’ils regagnaient la rue La Fayette. La longueur du trajet prolongeait l’entretien sentimental ; et Abel s’amusait infiniment de cette comédie de médiocrité, tout en s’attachant chaque jour davantage à cette enfant modeste et sensible qui l’accueillait sans coquetterie et recevait ses déclarations avec une émotion attendrie.

— C’est M. d’Arlaud qui vous a offert sa loge ? questionna Abel pour commencer la conversation.

— Non, c’est celle de ma sœur. Nous sommes venues avec mon père…

— Oui, je l’ai reconnu, fit étourdiment Abel, qui avait vu souvent le caissier à la banque.

Denise feignit l’inattention ; et enchaîna :

— Nous sommes venus assister aux débuts de ma sœur Gilberte.

— Comment ! Cette jolie Gilberte est votre sœur ?

— Oui. Je ne vous avais jamais dit qu’elle quit-