Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion de M. Salmon ne pourrait se rapprocher de Gilberte qu’à la condition de s’en faire aimer.

Abel lui jeta un regard d’inexprimable gratitude. Tout à coup, une voix railleuse dit, derrière eux :

— Eh bien ! Voilà la première fois qu’on tient de pareils propos dans un pareil endroit !

Ils se retournèrent brusquement : Marcel d’Arlaud entrait dans leur loge, prouvant par sa réflexion qu’il avait surpris la dernière phrase de Denise. Après quelques mots, Abel prit congé : il tenait à se retirer avant le retour de M. Tardivet.

Demeuré seul avec Denise, Marcel laissa échapper un petit sifflement d’admiration :

— Mes compliments, ma chère élève… C’est un plaisir que d’être dans votre camp. Vous jouez avec une maîtrise !

— Ce n’est plus un jeu, M. d’Artaud, répondit sérieusement la jeune fille.

Elle reprit, avec un mélange de tristesse et de confusion :

— Il y a une puissance irrésistible dans l’élan d’un cœur défiant et craintif qui se livre enfin…