Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/162

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cette lettre. Elle murmura : « Je ne comprends pas. » Elle avait l’esprit paresseux et n’aimait pas à réfléchir. Mais, depuis deux jours, les cadeaux qui affluaient au logis et une visite avenue Hoche à son futur home avaient éveillé soudain en cette âme nonchalante le sens de l’ambition et l’appétit du luxe. La lettre de Marcel, ce matin, semblait receler quelque vague menace au sujet de cet avenir doré : d’Arlaud, magicien avisé, ne venait-il pas de découvrir une embûche susceptible de tout compromettre ? Il fallait éclaircir cela. La jeune fille résolut d’obéir à cette invitation mystérieuse.

À l’heure indiquée, elle se rendit chez l’écrivain.

Dès qu’elle fut entrée dans le cabinet, où Marcel l’attendait, Gilberte s’écria :

— Qu’y a-t-il donc, monsieur ? Votre lettre si laconique m’a presque inquiétée !

L’œil ironique et le sourire quelque peu impertinent, Marcel répondit :

— Et s’il n’y avait rien ?… Mettons que l’auteur de la Marche Nuptiale d’une Marionnette ait devancé l’heure où son héroïne eût songé