Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/174

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— Oh ! Il a eu le front de te proposer une transaction pareille !

Ses yeux s’embrumaient : par un sentiment très égoïste et très humain, elle pensait d’abord à son propre risque ; et soupirait :

— Hélas ! Abel va savoir… J’avais raison de trembler ! Mais par quelle aberration monsieur d’Arlaud peut-il être capable d’une méchanceté aussi infernale… lui, si bon envers nous ? Il y a là une contradiction !

Suzanne avait écouté le récit de Gilberte avec une rage sourde qui crispait sa figure tourmentée. Elle dit :

— Eh bien, moi, ça ne me surprend pas : je m’étais toujours attendue à un coup de ce genre… n’y a pas de contradiction dans les agissements de Marcel d’Arlaud, quand on y songe. Pourquoi s’est-il occupé de nous avec ce zèle : le prenez-vous pour un bienfaiteur de l’humanité ? Non. Dès le début, Gilberte avait fait impression sur lui. Il affecta de nous adopter toutes les trois pour endormir la méfiance possible de notre confiant papa. Mais c’est Gilberte qui l’attire, qui l’occupe, qui l’absorbe. Il est furieux