Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/197

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mon, qui avait recouvré son sang-froid, continuait d’une voix calme :

— Pourquoi avez-vous jugé nécessaire de me prévenir ? Voilà ce que je ne comprends pas, dans cette histoire ; et j’aime à comprendre le but de chaque action ; car toute action comporte un calcul et tout calcul m’intéresse. Du moment que Gilberte déclinait l’estimable proposition de Marcel, il vous suffisait d’attendre qu’il accomplît sa menace et de voir ce qui s’ensuivrait. Je vous le répète, votre but m’échappe… M’avertir ? Pourquoi ? Nous n’invoquerons point le prétexte d’une loyauté… tardive, n’est-ce pas ? Même spontanée, la loyauté est un sentiment auquel je ne crois plus beaucoup chez mes semblables ; à plus forte raison, dans cette circonstance… Alors ?… Pourquoi avez-vous cru indispensable cette petite confession qui n’a rien d’agréable, ni pour celle qui la récite, ni pour celui qui l’écoute ?

Le banquier étudiait Suzanne, de son fin regard d’homme d’affaires. Il s’imaginait qu’elle lui tendait un piège. Aussi éprouva-t-il un grand