Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/212

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ser. Une bouffée de sang le congestionnait soudain à l’évocation de cet entretien de Suzanne avec Salmon, des répliques échangées ; de son rôle, à lui, demain ; de son rôle humiliant en face de l’ami bafoué qui se vengerait sans doute… Cependant, Marcel réfrénait la folle colère qui l’envahissait, par condescendance envers la femme, envers la frêle ennemie amoureuse…

Suzanne en profita pour continuer d’un ton exaspéré :

— Oui, j’ai fait cela. Et c’était mon droit, je pense, de défendre ma sœur contre votre influence immorale… Vous êtes furieux ; soyez furieux : bien, tant mieux, j’en suis enchantée, j’en exulte de joie ! Et je serais heureuse de vous faire encore plus de mal ; de vous nuire, même sans raison, pour le plaisir… Vous ne sentez donc pas que je vous hais… Oui ! Je vous exècre, entendez-vous, je vous déteste…

Elle s’arrêta, à bout de force ; balbutiant, d’une voix inarticulée, des mots sans suite. Ses yeux chaviraient, ses jambes vacillaient. Elle