Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/213

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chancela, prête à tomber. Marcel s’élança pour la soutenir. Il la saisit dans ses bras ; elle se débattit ; machinalement, il resserra son étreinte ; et, ce geste d’amour commencé, Marcel perdit la tête, ému par la chaleur de ce jeune corps, par le contact de cette poitrine haletante dont le cœur battait d’amour pour lui. Il chercha ces lèvres frémissantes, qui l’insultaient l’instant d’avant ; et qui, maintenant, lui rendaient son baiser, éperdument, avec une soumission involontaire… Trop troublé par le désir pour avoir la force de réfléchir, il inclina les genoux et tomba sur le tapis avec l’enfant consentante écrasée dans ses bras.

La possession dégrisa Marcel. À peine accompli, l’acte pesa sur lui comme un fardeau insoutenable. Il jura intérieurement : « Nom d’un chien !… Est-ce assez idiot d’avoir fait ça ! »

Pour la première fois, il possédait une femme qui n’était pas celle d’un autre, qui n’était point une courtisane, qui n’appartenait à aucune des catégories de faciles maîtresses qu’il avait aimées jusqu’ici… Une femme qui n’avait été à personne, — qu’à lui. L’instinct de pro-