Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/222

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simplement sa chance l’empêchaient de conclure une mauvaise affaire.

Ce soir encore, son bonheur négatif avait évité la mauvaise affaire. Ce désir brutal, cette émulation de snob qui veut posséder la pouliche à la mode son achat dût-il le ruiner ; cette envie effrénée de Gilberte qui l’amenait jusqu’au mariage — un mariage qu’il eût consommé à contre-cœur, estimant qu’il payait un peu cher son irrésistible caprice… Tout cela, c’était le passé. C’était fini.

Une voix argentine, pleine de vérités cruelles, avait rompu l’enchantement. Une petite main bourrue avait tranché le nœud gordien. Henry Salmon, rejeté de force dans le célibat libérateur était comme un prisonnier qu’on délivre en le précipitant par la fenêtre de son cachot : il n’aurait pas osé sauter tout seul ; il se relève moulu, brisé, courbaturé, — mais néanmoins réconforté par l’ivresse de l’évasion.

Le danger d’une sotte union, clairement démontré, corrigeait instantanément Salmon de sa passionnette. Gilberte lui devenait lointaine, étrangère. Cette belle créature insignifiante