Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/223

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subjuguait surtout le regard ; c’était une image sans légende : nulle séduction morale ne renforçait sa beauté. Absente, on l’oubliait vite.

Une rancune spirituelle, une vraie rancune de Parisien, excitait Salmon contre d’Arlaud. Sa première pensée fut : « Comment lui rendre le tour qu’il m’a joué ? » Un éclat serait grotesque. Une colère, ridicule. Il s’agissait de trouver quelque méchanceté inédite et piquante. Henry, flegmatique et réfléchi, remettait à plus tard le soin d’élaborer une vengeance savante.

Toutes réflexions faites, les acteurs de ce drame l’occupaient médiocrement : un ami qui vous trompe, une femme qui vous ment : est-il rien de plus banal ?

La dénonciation ne l’absorbait pas longtemps. C’était maintenant la dénonciatrice qui l’intéressait.

« Je n’avais pas encore rencontré ça ! » l’exclamation admiratrice de tous les blasés.

Henry Salmon, rompu à toutes les politesses hypocrites des civilisés circonspects, n’avait jamais rencontré un interlocuteur qui dît si rude-