ment la vérité avec un cynisme de jeune sauvage.
Le premier mauvais moment passé, il appréciait la saveur de cette nouveauté. Suzanne lui inspirait une certaine sympathie. Il pensa : « C’est une nature originale, au moins… Primesautière, naturelle et passionnée… J’aime cette audace combative. »
À l’instant où la figure de Suzanne se présentait à l’esprit de Salmon dans toute sa valeur, M. Tardivet, anxieux de la disparition de sa fille, téléphonait, à l’instigation de Gilberte et de Denise — anxieuses également, mais d’une façon bien différente — d’abord au domicile de Marcel d’Arlaud, puis chez Salmon. Celui-ci, arraché à ses réflexions par l’appel téléphonique, eut un mouvement de défiance en entendant M. Tardivet lui demander :
— Avez-vous vu Suzanne ?… Elle n’est pas encore rentrée.
Le banquier riposta, sur ses gardes :
— Elle vous avait dit qu’elle venait chez moi ?
— Hélas, non ! Je ne sais rien… Où est-elle