Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/226

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après… Bah ! » Il haussait les épaules, persuadé de l’exactitude de ses déductions. Il se savait dépourvu d’imagination, doué en revanche d’un esprit mathématique : par conséquent, ses raisonnements s’appuyaient sur une base précise : Suzanne était venue le trouver à l’insu de sa famille, sous l’empire d’une idée fixe. Qu’avait-elle fait depuis une heure, sinon continué d’obéir à cette idée fixe : Marcel d’Arlaud. Celui-ci, interrogé par Tardivet, avait interrompu la communication en reconnaissant le père de Suzanne. Suzanne était donc chez l’écrivain.

Mû par l’intérêt que lui inspirait cette enfant — et par une vague prescience que cet incident allait peut-être lui procurer des armes contre d’Arlaud, Henry Salmon se faisait conduire avenue Gourgaud.

Là, comme il hésitait sur la manière dont se manifesterait son intervention, il avait vu Suzanne sortir du petit hôtel de Marcel. Alors, descendant de voiture, il suivait la jeune fille d’abord à distance, puis sur ses talons. Il la devinait en proie à une émotion intense : elle titubait en marchant et parlait toute seule, à