Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demi-voix. Il surprenait quelques phrases qui le renseignaient suffisamment. Une compassion envahissait malgré lui cet homme froid ; il s’apitoyait en frôlant cette grande douleur. À la fin, posant sa main sur l’épaule de la désespérée, il l’arrachait à la tentation de mourir.

Suzanne ne parut même pas étonnée en reconnaissant le banquier. Elle ne chercha pas à comprendre pourquoi il se trouvait à cet endroit. Elle essaya seulement de se dégager en murmurant :

— Laissez-moi, monsieur Salmon.

— Ah ! non, par exemple !

— Si vous saviez…

— Je sais.

Il l’empoigna solidement sous le bras et l’entraîna doucement en lui parlant sur un ton paternel :

— Vous avez fait une bêtise, la plus grosse bêtise que puisse faire une jeune fille ; mais ce n’est pas une raison pour en commettre une seconde… Je vous ai dit tout à l’heure : « Vous m’avez rendu service : à charge de revanche. »… Le moment est venu : Votre père vous attend.